Sunday 20 July 2008

Après la lecture de "Seras-tu là", de Guillaume Musso

Il m'a marquée, ce livre, même si au début j'étais déçue par le manque de subtilité du style et la ressemblance trop profonde avec un autre roman que j'avais lu a peine quelques semaines plus tôt... Mais j'en ai dévoré le dernier tiers, et, pour finir, il m'a plongé dans une profonde réflexion...

Bien sur, ce n'est qu'un roman. De la fiction. On ne peut pas revenir dans le passe.
Et pourtant... j'aimerais tellement.

Et si on n'était pas parties? Si j'avais change d'avis? Si j'avais dit non a ma mère?

Et si ma mère avait pris au sérieux la lettre que lui avait adresse Marianne? C'était une bouée de sauvetage qu'elle me lançait, mais ma mère n'a pas su voir a quel point j'en avais besoin. Je n'avais pas l'air d'être trop en danger. Crise d'adolescence, peut-être... Et bien sur, on pourrait dire qu'elle a eu raison. La vie a fini par prendre un cours plus ou moins normal...

Mais voila, c'est maintenant que je me noie, et la bouée de sauvetage est restée suspendue en 1991. Plus moyen de la prendre, d'aller la chercher. C'était le moment ou jamais. C'est donc jamais.

Cependant (il fallait bien que je trouve un synonyme a ce "pourtant"...!), est-ce vraiment si simple?

Aurais-je vraiment voulu ne jamais connaître toutes les personnes que je porte dans mon coeur depuis 1991, et surtout depuis 1996? Question impossible... Et pourtant, je me doute bien, au fond de moi, que j'en connais la réponse. Il y a tant de gens qui m'aiment mais si peu qui m'aiment comme j'ai besoin d'être aimée.... si peu qui m'ont toujours connue, qui me comprennent vraiment, qui me choisiraient en demoiselle d'honneur et en marraine de leurs enfants, qui remueraient les cieux et la terre pour être à mes côtés Je suis consciente qu' on m'estime, qu'on m'apprécie. Mais je n'ai pas vécu assez longtemps aux côtes de qui que ce soit pour être LA personne qui compte pour eux, LA meilleure amie. Je n'en suis qu'UNE, parmi d'autres... Je pense qu'on a tous besoin d'un petit univers ou on est LA personne. Pour moi, c'était la Belgique. Aujourd'hui, je ne sais pas, cela peut-il se récupérer?

Et si, dans mon exil, j'avais appris a revenir... plus tôt? Même si on ne me l'avait pas permis a treize ans, j'aurais pu - j'aurais dû - me rattacher a la Belgique à l'âge adulte.

Je saurais qui je suis. Du moins, c'est ce qu'il me plaît de penser, mais le sait-on jamais vraiment? Aurais-je fini par tout balancer et partir pour l'Angleterre, parce qu'il fallait que je connaisse enfin "mon" pays?

Si je pouvais, comme Guillaume Musso, en faire un roman, je m'arrangerais pour que certaines choses reviennent au même. Je m'arrangerais pour avoir passé cette année a Guernesey et habité chez les de la Mare, et pour avoir étudié a Cambridge, d'où je conserverais ces amitiés qui me sont si chères... Je m'arrangerais aussi pour avoir rencontré certaines personnes que j'ai connues depuis (oui, Emily, je parle de toi! De Rachel, aussi. De Josie... faut voir.)...

Mais, dans ce cas-la, j'aurais eu un port d'attache, un chez-moi. J'aurais su où j'appartenais. Je n'aurais pas connu de si près et pendant si longtemps cette douleur, ce vide d'enfant unique, parce que j'aurais eu plusieurs quasi-frères et quasi-soeurs d'adoption, des neveux, des nièces, peut-être même des filleul(e)s, tout ce dont je me suis privé si amèrement au cours de ces longues annees, alors qu'il me suffisait de monter dans un train...

J'aurais peut-être plus de facilité a me faire des amis, libre, ou du moins beaucoup moins prisonnière de ce besoin désespéré d'amour et de cette intensité qui, paradoxalement, étouffent les amitiés naissantes. Peut-être aurais-je ressemble de plus près a Anne-Laure, dont tant d'entre nous revaient du privilège d'être amie. Je n'aurais pas connu Josie, et, en fin de compte, ça aurait sûremement été mieux. Je me serais épargné beaucoup de larmes... et toute la thérapie qui m'amène a écrire ces mots. Ou peut-être l'aurais-je connue, mais tellement plus simplement. J'aurais eu conscience d'avoir une grande soeur, d'appartenir quelque part. Je n'aurais pas cherché qu'elle comble en moi ce vide qui vient de n'avoir jamais vraiment su qui on est, et où est son vrai chez soi.

J'en ferai peut-être un livre de tout ça, un jour. Et c'est peut-être comme ça que je deviendrai écrivain. Peut-être, paradoxalement, qu'il me fallait le vivre pour réaliser le rêve que j'avais cru enfoui avec tous ces beaux souvenirs que j'aurais tant voulu prolonger...

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