Tuesday, 1 July 2008

.. Et voilà qu'un jour, comme ça, sans avertissement préalable, sans raison bien précise, peut-être par amour renouvelé des mots, des livres, de la langue française, mais sans vraiment savoir pourquoi, on reprend son stylo et on se remet à écrire...

A vrai dire, ce n'est plus un stylo. Ni même ce bic bleu et ce bloc-notes-brouillon quadrillé à la couverture bleu foncé acheté au GB pour vingt francs, plus ou moins. Aujourd'hui, vingt ans plus tard ou presque, c'est devenu un clavier que l'on tapote... un clavier inférieur d'ailleurs puisqu'anglais et donc difficilement capable de s'exprimer en accents, en cédilles, en trémas, en tant de choses qui représentent ce délicieux français.

Comme il m'a bien representée, ce clavier. Capable de produire du français, bien sûr, mais avec difficulté, et lentement. Ça ne lui est pas naturel. If faut réfléchir, faire des pirouettes techniques. C'est tout un effort, et on finit par se demander si ça en vaut la peine. Peut-être est-il tout bêtement plus facile de s'exprimer en anglais alors que c'est pour l'anglais que le système a été conçu. Alors qu'on est entouré d'anglais. Alors que les mots anglo-saxons se trouvent a portée de main sans devoir se creuser les méninges...

Et pourtant. Une philologue diplômée d'une plus ou moins prestigieuse université n'est pas censée estimer, et encore moins affirmer tout haut (ou écrire dans un blog, que tout le monde pourrait lire, ce qui est l'équivalent bien plus pratique et plus moderne, ou postmoderne, du haut-parleur), on n'est pas censé estimer, donc, qu'une langue serait supérieure a une autre...

Et pourtant... Comment se fait-il que j'interrompe si rarement ma lecture pour méditer sur l'élégance du style lorsqu'il m'arrive de lire en anglais? Alors qu'en pleine lecture de tant de romans francophones, dont le deroulement de l'histoire me tient pourtant à coeur, je pause pour m'extasier: "Que c'est beau! Que c'est bien ecrit! Que la langue francaise est touchante et agréable à lire!" Ce phénomène s'explique peut-être par le fait qu'il s'agisse de ma langue maternelle, ma langue de coeur. Et pourtant... (encore une fois "pourtant", ce mot si utile pour les compliquées et les paradoxales) je n'y crois pas tellement, a cette théorie selon laquelle il n'y aurait aucune langue supérieure, intrinsèquement plus belle que les autres.

Soit. Revenons-en donc à ces changements technolgiques. En fin de compte, les choses sont-elles si différentes de nos jours? Naguère (comme j'aime ce mot; suis-je la seule à encore l'utiliser?), lorsque je gribouillais dans mes cahiers, personne - ou presque - ne me lisait. Aujourd'hui, tout a basculé: je m'exposerais au monde entier en "publiant" ce blog. Voilà, du moins, la théorie.

Et pourtant - qui me lit? Il m'arrive encore de rêver, comme autrefois, en me disant qu'un jour, peut-être même avant mes quarante ans, on reviendra sur ces "pages" pour étudier de plus près la genèse de cet écrivain belge à succès (non, pas Amélie Nothomb, l'autre, l'Anglaise avec ce nom si français...)

Mais pour le moment... Toi qui me lis - toi ma grande soeur adorée, toi mon amie d'enfance qui m'a tant manqué à l'adolescence et que je regrette tellement d'avoir perdue de vue ces dernières annees, toi, l'inconnu dont je ne connais ni le visage, ni le nom, et qui me lit plus par curiosité que par envie, par nostalgie, par politesse, ou par vague devoir... Toi, lecteur, donc - me liras-tu encore dans quelques mois?

La technologie change, en effet. On est bien loin des gribouillages dans les cahiers à vingt francs. (D'ailleurs, c'était quoi, un franc?) Mais en fin de compte rien ne change trop. Je continue à être amoureuse de la langue française. A rêver d'être ecrivain - mais, pour maintenant, tout comme alors dans les cahiers, on a beau être technologiquement plus avancé qu'en 1991, c'est surtout pour moi-même. (En espérant, paradoxalement, qu'il y aura quand même des lecteurs qui auront à me contredire - du moins cur ce point.)

2 comments:

Anonymous said...

Comment ça "0 comments" ?
Tout d'abord, il est quand même surprenant de trouver de l'anglais après un tel plaidoyer pour la langue française, mais soit...
Ensuite, que le "0" soit anglais, français ou autre ne change rien : ça ne fait pas beaucoup !
Si ça peut te rassurer, bien des grands amoureux de la langue française ont connu le même "succès" : ni Victor Hugo ni Voltaire ni même Molière n'ont jamais eu le moindre "comment" sur leur blog !
PS : moi aussi, j'emploie le mot "naguère", même si je lui préfère "jadis"...

Anonymous said...

C'est joli, ça coule comme de l'eau...
Il m'arrive aussi de m'arrêter dans certains livres sur des passages quand le style et la tournure sont magnifiques. Alors je le relis plusieurs fois, comme je reviendrai lire ce que tu as écrit.
Géraldine