Saturday, 26 July 2008

Prologue à mon prochain roman..

"Elle s'appelle Keziah" , me sourit maman, en me tendant ma petite soeur flambant neuve. Flambant, c'était d'ailleurs le cas de le dire - elle était toute rouge, même si, côté neuve, elle n'en avait pas tout à fait l'air: fripée, comme une vieille dame.

"Keziah" , répétai-je, en la prenant dans mes bras, mes yeux débordant d'admiration pour maman et d'émerveillement, d'affection, pour cette minuscule créature, à qui je promis en silence de toujours l'aimer et de m'avérer la meilleure grande soeur du monde.

"C'est quand même un drôle de nom..." , m'aventurai-je encore. Maman m'indiqua la Bible à son chevet, m'énuméra les versets à chercher, dans le livre de Job:


Le Seigneur combla Job de ses bénédictions, plus encore qu'il ne l'avait fait auparavant. ... Il eut aussi sept fils et trois filles. Il nomma la première Yemima, la seconde Keziah* et la troisième Quéren-Happouk. Dans tout le pays, on ne trouvait pas de femmes aussi belles que les filles de Job. Leur père leur réserva une part d'héritage au même titre qu'à leurs frèr
es.

C'est vrai, elle ne s'en était quand même pas trop mal tirée. Je la voyais mal écrire "Quéren-Happouk van der Kindere" dans ses cahiers de première primaire, alors qu'une petite veinarde aurait le temps de gribouiller trois fois "Claire Martin" ou "Lydie Icks".

"Et Emilie, demandai-je pour la enième fois, ça veut dire quoi?"
Maman se contenta de me sourire. Je connaissais la réponse plus que suffisamment. Rien de spécial... d'où le deuxième prénom duquel on m'avait affublée, Désirée, que je n'étais pas sur d'aimer en lui-même, mais qui exprimait si bien les sentiments de mes parents lors de mon arrivée qu'il m'était véritablement précieux.

Je continuais à contempler Keziah, savourant l'émotion du moment. Une petite soeur, enfin ! Il était grand temps, malgré l'amour que je portais å mes deux frères. Mais huit ans d'écart, c'est quand même beaucoup. On ne partagerait pas tant que ça. Lorsque Keziah aurait mon âge de l'époque, je serais déjà presqu'adulte (du moins à mes yeux). Mais voilà, dans mon imagination, elle grandissait plus vite que moi, devenait presque ma jumelle. Il faut dire que, de jumelle, j'en avais une, jusqu'au jour où...

Enfin, je lui laisse la plume, puisque c'est d'abord elle qui se veut écrivain. Même si je m'en mêlerai de temps en temps, puisque c'est quand même de moi aussi qu'il est question...





* Keziah est l'orthographe anglaise de Quessia.

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